La situation économique en Allemagne en janvier 2022¹

• En 2021, le produit intérieur brut a augmenté de 2,7 % après avoir reculé de 4,6 % l'année précédente en raison de la pandémie.² Face aux restrictions toujours nécessaires dans les secteurs de service à forte interaction sociale et face aux difficultés de production persistantes dans l'industrie, le dernier trimestre 2021 devrait avoir enregistré des résultats plutôt faibles.  
• La situation de l'industrie s'est toutefois stabilisée au cours des derniers mois sous revue. Après avoir nettement augmenté en octobre, la production industrielle a encore légèrement progressé en novembre. Les entrées de commandes ont également nettement augmenté. Le climat dans les industries manufacturières s'est amélioré pour la première fois depuis six mois.  
• En novembre, les chiffres d'affaires dans le commerce de détail ont de nouveau augmenté et ont été nettement supérieurs à leur niveau d'avant la crise, soit de février 2020. D'après des estimations de l'Office fédéral de la Statistique, dans l'ensemble, le commerce de détail allemand a enregistré des chiffres d'affaires record en 2021. Les perspectives pour les mois à venir sont pourtant ternies par l'évolution de la pandémie et un taux d'inflation élevé.  
• Le taux d'inflation a de nouveau augmenté légèrement pour atteindre 5,3 % en décembre. À partir de janvier pourtant, la progression du niveau des prix devrait considérablement ralentir, étant donné que les facteurs spéciaux auront moins d'impact. Il restera toutefois nettement supérieur au niveau d'avant la crise. Les problèmes d'approvisionnemet persistants concernant des produits intermédiaires importants devraient cependant persister pendant un certain temps. La pression sur les prix due à ces problèmes ne devrait diminuer qu'au cours de l'année.
• La reprise sur le marché du travail a continué à se poursuivre, le variant Omicron pourrait cependant freiner le dynamisme au cours des prochains mois. En décembre, le chômage a de nouveau nettement diminué après correction des variations saisonnières et en octobre, le nombre de personnes actives a continué d'augmenter fortement après correction des variations saisonnières. En octobre, le chômage partiel a faiblement reculé pour atteindre 0,7 million de personnes. Toutefois, le nombre de déclarations de chômage partiel conjoncturel a de nouveau progressé récemment.  
• En 2021, le nombre de faillites d'entreprises sera probablement de nouveau plus faible que l'année précédente et tombera probablement à un niveau record. Entre janvier et octobre, seulement 11 738 entreprises ont déclaré faillite, soit 14 % de moins par rapport à la même période de l'année précédente. Pour la fin de l'année 2021, aucune tendance haussière ne se dessine à l'horizon. Pour l'année en cours, les experts s'attendent à des effets de rattrapage limités qui n'entraîneront probablement pas de risques économiques. 

NOUVELLES RESTRICTIONS DANS LES SERVICES À FORTE INTERACTION SOCIALE ET PROBLÈMES PERSISTANTS CONCERNANT LES CHAÎNES D'APPROVISIONNEMENT DANS L'INDUSTRIE  

En 2021, l'économie allemande a progressé de 2,7 % après avoir enregistré une forte chute du produit intérieur brut (PIB) en 2020 en raison de la crise de coronavirus. L'année dernière, l'industrie a souffert de graves problèmes d'approvisionnement en produits intermédiaires essentiels et n'a pas pu renouer avec sa production normale, et ce en dépit de carnets de commande bien remplis. Au début et à la fin de l'année, certains secteurs des services ont fait face à de lourdes restrictions de leurs activités économiques en raison de la pandémie. Maintenant, il s'agit de faire progresser les campagnes de vaccination pour surmonter le deuxième hiver de la pandémie et assurer le maintien des activités économiques. Si les problèmes d'approvisionnement venaient à se résoudre au cours de l'année, une reprise économique plus dynamique devrait être possible. 

L'évolution conjoncturelle récente : selon les indicateurs, la situation dans l'industrie s'est stabilisée ces derniers mois. La production industrielle a été plus favorable après avoir été freinée depuis le début de l'année dernière par des problèmes d'approvisionnement en matières premières et produits intermédiaires importants. En décembre, le climat dans les entreprises du secteur secondaire s'est amélioré pour la première fois depuis six mois grâce à des attentes plus optimistes. En octobre et novembre, les chiffres d'affaires dans le commerce de détail sans véhicules ont de nouveau augmenté et le nombre d'immatriculations de voitures nouvelles par des utilisateurs privés a enregistré une forte hausse vers la fin de l'année. Selon une première estimation de l'Office fédéral de la Statistique, le total des chiffres d'affaires du commerce de détail allemand (sans véhicules) a progressé pour atteindre un nouveau taux record en 2021, même si les résultats varient fortement dans les différentes branches du commerce de détail. La consommation des ménages a été freinée récemment par l'évolution de la pandémie et un taux d'inflation élevé. Le climat de la consommation s'est dégradé face à la forte propagation du variant Omicron.

En décembre 2021, le taux d'inflation s'est élevé à 5,3 %. Il s'agissait de la valeur la plus élevée depuis juin 1992. Le taux d'inflation moyen s'est élevé à 3,1 % en 2021, un taux plus élevé a été enregistré pour la dernière fois en 1993. Depuis janvier 2021, la réduction temporaire des taux du chiffre d'affaires ne s'applique plus, cet effet spécial qui avait fait augmenter les prix n'existe donc plus depuis le début de l'année. Si la situation des prix énergétiques devient moins tendue et la pénurie des produits semi-finis s'atténue au cours de cette année, l'augmentation du niveau des prix à la consommation devrait ralentir. Le reprise du marché du travail a continué de se poursuivre. Le chômage partiel pourrait néanmoins de nouveau augmenter comme le laissent entrevoir les déclarations déposées en décembre. Même si le dynamisme du marché du travail pourrait être freiné par la propagation du variant Omicron, la plupart des entreprises devraient essayer de conserver leur effectif salarié afin d'éviter une pénurie de main-d'œuvre qualifiée. 

LÉGÈRE REPRISE DE L'ÉCONOMIE MONDIALE MALGRÉ DES PROBLÈMES D'APPROVISIONNEMENT  

L'économie mondiale s'est légèrement redressée en octobre. Le commerce mondial de biens a augmenté de 1,6 % par rapport au mois précédent. Les pertes enregistrées à la fin de l'été ont ainsi été compensées et il se situe actuellement au niveau du mois de juin. Il ne pouvait cependant pas renouer avec son taux record de mars. La production industrielle globale a également augmenté mais à une moindre mesure (seulement +0,8 % par rapport à septembre). Actuellement, la conjoncture mondiale est freinée par des problèmes d'approvisionnement en matières premières et produits semi-finis importants et, par conséquent, par la pression des prix. Par ailleurs, il semble que les indicateurs composites avancés de l'OCDE poursuivent leur tendance à la baisse affichée depuis juin en raison des problèmes persistants du secteur tertiaire dus à l'évolution des infections. Le climat du côté des entreprises est toutefois stable. En novembre, l'indice des directeurs d'achat de J. P. Morgan / IHS Markit a augmenté de 0,3 points pour atteindre 54,8 points. Les sous-indices pour le secteur tertiaire ainsi que l'industrie s'élèvent respectivement à 55,6 points et 54,2 points et sont ainsi largement au-dessus du seuil de croissance de 50 points. 

NETTE REPRISE DES EXPORTATIONS ET DES IMPORTATIONS  

En données corrigées des variations saisonnières, en octobre, les exportations de marchandises et de services ont augmenté de 2,1 % en prix courants par rapport au mois précédent (septembre : +3,3 %). Comparées sur deux mois, elles ont augmenté considérablement de 5,2 %. En situation de prix des exportations modérément plus élevés, les exportations ont de nouveau fortement progressé, également en chiffres corrigés des prix. En novembre, les importations nominales de biens et de services ont augmenté de nouveau de 3,3 % par rapport au mois précédent et corrigées des variations saisonnières (octobre +3,0 %). Comparée sur deux mois, la hausse est encore plus forte (+5,8 %). En raison des prix des importations nettement à la hausse, les importations devraient cependant avoir augmenté moins fortement en données corrigées des prix.

Au niveau national, les indicateurs provisoires relatifs aux échanges extérieurs montrent l'écart actuel entre l'offre et la demande. En novembre, les entrées de commandes en provenance de l'étranger ont augmenté de 8,0 % par rapport au mois précédent et enregistrent ainsi le quatrième taux le plus élevé depuis 1991. Les attentes en matière d'exportations de l'institut ifo montrent que les industries manufacturières ont du mal à satisfaire la demande. En décembre, le solde avait atteint le niveau le plus faible depuis janvier. Moins d'un cinquième des entreprises table actuellement sur une amélioration d'ici mars 2022. Malgré les problèmes dus aux difficultés d'approvisionnement et à l'évolution des infections, les perspectives pour les échanges extérieurs allemands restent positives dans l'ensemble compte tenu du bon niveau des commandes. 

STABILISATION DE L'INDUSTRIE ET PERSPECTIVES PRUDEMMENT OPTIMISTES  

La production dans le secteur secondaire a affiché un léger recul de 0,2 % en novembre et est donc restée pratiquement stable par rapport au mois précédent. La production industrielle a légèrement progressé de +0,2 %, tandis que celle dans le secteur de la construction a baissé de 0,8 %.

La situation dans l'industrie semble s'être stabilisée au cours des derniers mois. Après avoir enregistré un recul depuis le début de l'année dernière dû à des problèmes d'approvisionnement en matières premières et produits semi-finis importants, la production industrielle a connu une nette hausse de 3,1 % en octobre et a encore légèrement augmenté (+0,2 %) en novembre. Le secteur important de l'automobile a de nouveau vu sa production augmenter (+4,1 %) en novembre, tandis que le secteur de la construction mécanique, non moins important, a enregistré une baisse de 3,6 %. Depuis des mois, les deux branches souffrent de la pénurie de semi-conducteurs. 

Les entrées de commandes dans les industries manufacturières ont augmenté de 3,7 % en novembre par rapport au mois précédent, après avoir chuté de 5,8 % en octobre. La demande de biens d'équipements a progressé de 5,3 %, ce qui représente la demande la plus élevée. Les commandes de produits semi-finis et de biens de consommation ont progressé respectivement de 1,2 % et de 3,8 %. Sans tenir compte des commandes importantes, le volume des commandes a progressé de 3,8 %. Au total, les entrées de commandes dans les industries manufacturières se sont redressées en novembre, après avoir chuté considérablement en août et en octobre. Cette reprise est due à la forte demande venant des pays de la zone euro (+13,1 %) et des pays hors zone euro (+5,0 %). Les commandes en provenance d’Allemagne ont reculé de 2,5 %. Les secteurs importants de l'automobile et de la construction mécanique ont tous deux enregistré des hausses respectives de +7,0 % et de +2,0 %.  

En décembre, le climat dans les entreprises des industries manufacturières s'est amélioré pour la première fois depuis six mois, ce qui s'explique par des attentes plus optimistes. Toutefois, la production industrielle devrait continuer pendant un certain temps à souffrir des problèmes d'approvisionnement. Ce n'est que s'ils disparaissent progressivement au cours de l'année, que l'on pourra de nouveau tabler sur une croissance plus dynamique. Face aux indicateurs du climat dans les entreprises et aux carnets de commande remplis, les perspectives pour la conjoncture industrielle sont prudemment optimistes.  

NOUVELLE HAUSSE DU CHIFFRE D’AFFAIRES DU COMMERCE DE DÉTAIL, PERSPECTIVES MODÉRÉES  

Dans le commerce de détail (sans véhicules), les chiffres d'affaires devraient avoir augmenté de 0,6 % en novembre, après avoir déjà progressé de 0,5 % en octobre (révisé à la hausse). Ainsi, les chiffres d'affaires ont été supérieurs de 5,9 % au niveau de février 2020, le mois d'avant la crise. Selon des estimations de l'Office fédéral de la Statistique, dans l'ensemble, le commerce de détail allemand a enregistré des chiffres d'affaires record en 2021. Il devrait avoir dépassé le niveau record de 2020 de 0,9 %. Le commerce de détail de textiles, vêtements, chaussures et maroquinerie a vu ses chiffres d'affaires reculer de 3,8 % par rapport au mois précédent, étant ainsi inférieur au niveau d'avant la crise de février 2020 de 6,2 %. Les ventes par correspondance et sur internet ont également enregistré une baisse du chiffre d'affaires de 3,1 % tout en dépassant considérablement le niveau d'avant la crise de 30,3 %. Pour les nouvelles immatriculations de véhicules par des utilisateurs privés, une forte hausse de 18,6 % a été enregistrée en décembre, après avoir progressé déjà de 6,2 % au cours du mois précédent.  

L'évolution de la consommation des ménages est freinée par l'évolution de la pandémie et un taux d'inflation élevé. Lors de la réalisation des perspectives pour les prochains mois, il importe de prendre en compte le fait que les consommateurs privés et les distributeurs pourraient être prudents dans leurs comportements en raison de la situation épidémiologique actuelle et des prix à la hausse. En décembre, les attentes commerciales établies par l'institut ifo dans le commerce de détail ont été encore plus pessimistes qu'elles ne l'étaient auparavant et se sont donc dégradées pour le sixième mois consécutif. L'étude GfK du climat de la consommation confirme cette dégradation. L'indice a été négatif en décembre et on s'attend à une nouvelle chute très nette de l'indice en janvier. Face à la propagation progressive du variant Omicron, les perspectives pour le début de l'année 2022 sont plutôt moroses.  

En décembre, le niveau des prix à la consommation devrait avoir augmenté de 0,5 % par rapport au mois précédent (novembre : -0,2 %). Le taux d'inflation, soit l'évolution du niveau des prix par rapport à l'année précédente, a augmenté de 0,1 point de pourcentage pour passer à 5,3 % en décembre, soit le taux le plus élevé depuis 1992. Ce taux élevé s'explique notamment par la forte hausse des prix énergétiques (+18,3 %) et alimentaires (+6,0 %). L'effet de base dû à la réduction temporaire des taux du chiffre d'affaires ne s'applique plus à compter de janvier 2022 et les prix à terme du pétrole laissent entrevoir une certaine détente du côté des prix de l'énergie. La pénurie persistante de produits semi-finis tels que les semi-conducteurs devrait cependant continuer à faire monter les prix. On ne peut s'attendre à une situation moins tendue qu'au cours de l'année 2022. Le taux d'inflation sous-jacent, sans l’énergie et les produits alimentaires, a enregistré en décembre une hausse de 0,4 points de pourcentage par rapport à novembre et s’est établi à 3,7 %, soit le niveau le plus élevé depuis décembre 1993.   

ÉVOLUTION TOUJOURS POSITIVE SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL  

La reprise sur le marché du travail persiste également à la fin de l'année mais l'incertitude a augmenté en raison du variant Omicron.Le chômage et le sous-emploi ont de nouveau diminué en décembre respectivement de 23 000 personnes et de 32 000 personnes en données corrigées des variations saisonnières. En chiffres non corrigés, le chômage a toutefois augmenté légèrement de 12 000 personnes pour s'élever à 2,33 millions de personnes. 378 000 personnes de moins étaient inscrites au chômage par rapport au même mois de l'année précédente. L'évolution positive s'est également poursuivie concernant le nombre de personnes actives et le nombre d'emplois soumis aux cotisations sociales. En novembre, le nombre de personnes actives a augmenté de 43 000 personnes en données corrigées des variations saisonnières. Selon les chiffres non corrigés, l'Allemagne comptait 45,4 millions de personnes actives, soit 403 000 personnes de plus qu'au même mois de l'année précédente. En octobre, le nombre d’emplois soumis aux cotisations sociales a augmenté de 37 000 personnes par rapport au mois précédent. Selon les estimations de l'Agence fédérale pour l'emploi, le chômage partiel a diminué légèrement en octobre pour passer à 0,7 million de personnes. En novembre, le nombre de personnes au chômage partiel devrait rester également presque inchangé. En décembre toutefois, le nombre de déclarations a de nouveau augmenté, ce qui laisse entrevoir une hausse en décembre. La demande en main-d’œuvre a continué d'augmenter. Les indicateurs provisoires basés sur les sondages de l'institut de recherche sur l'emploi et les professions (IAB) et de l'institut ifo ont nettement fléchi en décembre. Le variant Omicron pourrait freiner la reprise dynamique du marché du travail. La plupart des entreprises devraient essayer de conserver leur effectif salarié. 

LA BAISSE DU NOMBRE DE FAILLITES SE POURSUIT 

Les tribunaux d'instances ont enregistré 11 738 faillites d'entreprises entre janvier et octobre 2021, soit environ 14 % de moins qu'à la même période de l'année précédente. Même si le nombre des procédures collectives a augmenté fin 2021 selon les indicateurs provisoires de l'Office fédéral de la Statistique (décembre : +18 % par rapport au mois précédent), le total des faillites d'entreprise pour l'année 2021 devrait probablement se situer nettement en dessous du niveau de l’année précédente dans les statistiques officielles et avoir donc atteint un nouveau niveau record. Pour l'année 2022, on table sur des effets de rattrapage limités s'élevant à quelques milliers de faillites, même si les incertitudes concernant l'évolution de la pandémie avec le variant Omicron se sont accrues.

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¹ Le présent rapport se base sur des données disponibles au 14 décembre 2022. Sauf indications contraires, les chiffres indiqués représentent des taux de variation par rapport à la période précédente et sont établis sur la base de données corrigées de l'influence des prix ainsi que des effets calendaires et des variations saisonnières.

² Communiqué de presse de l'Office fédéral de la Statistique du 14 janvier 2022.