Wachstumskurve mit Kugelschreiber symbolisiert die wirtschaftliche Lage.

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  • Les effets de l’invasion russe de l’Ukraine transparaissent nettement dans les indicateurs économiques du mois de mai. La production, après cinq hausses consécutives, a enregistré une baisse notable. Une nouvelle fois, les commandes à l’industrie manufacturière ont connu un recul sensible. Le moral des entreprises, qui avait plongé en mars, s’est stabilisé en avril, mais les perspectives pour les mois à venir sont plutôt ternes.
  • En léger fléchissement en mars par rapport au mois précédent, les ventes du commerce de détail ont chuté de 2,7 % par rapport à leur niveau de l’année dernière. Cette situation est due à la forte hausse des prix. L’inflation et les incertitudes nées de la guerre en Ukraine devraient continuer à affecter le moral des consommateurs au cours des mois à venir.
  • Le taux d’inflation a continué d’augmenter légèrement de mars à avril, à 7,4 %, soit une hausse de 0,1 point. L’envolée des prix de l’énergie a atteint 35,3 % sur un an en avril (+39,5 % en mars). La poussée du prix des produits alimentaires, 8,6 %, a égalé le niveau de mars 2008 (6,2 % en mars 2022). L’inflation sous-jacente, calculée sans les deux composants volatils que sont l’énergie et l’alimentaire, est passée à 3,8 % en avril.
  • Sur le marché du travail, le regain d’activité printanier a produit ses effets positifs malgré l’invasion russe de l’Ukraine. Exprimé en données corrigées des variations saisonnières, le taux des demandeurs d’emploi inscrits a poursuivi sa décrue en avril, dans la foulée de la forte hausse du nombre d’actifs occupés constatée en mars. 720 000 personnes ont eu recours au chômage partiel en février, un chiffre en léger recul par rapport à janvier.
  • La baisse globale des défaillances d’entreprises constatée en 2020 et 2021 se poursuit en ce début d’année 2022. Le nombre des cessations d’activité a de nouveau reculé en janvier et en février, de respectivement 4,6 et 5,3 % par rapport aux mêmes mois de l’année précédente. En dépit de risques accrus, les indicateurs provisoires et les enquêtes effectuées récemment n’indiquent pas de renversement notable de tendance pour la période à venir.

La situation économique de ce mois de mai est tout entière marquée par l’invasion russe de l’Ukraine. Les premiers indicateurs disponibles pour le mois de mars montrent que la guerre se traduit par un net tassement de la production industrielle et par un ralentissement des échanges extérieurs.

L'AGRESSION RUSSE EN UKRAINE A POUR EFFET DE RALENTIR LA CONJONCTURE ÉCONOMIQUE AU MOIS DE MAI

Les ventes de détail sont restées quasiment stables, probablement en raison d’un phénomène d’annulation réciproque des effets produits d’une part par la suppression des restrictions liées à la lutte contre le corona, d'autre part par la guerre. Les indicateurs du climat des affaires, tels que les font apparaître les enquêtes, laissent entrevoir une stabilisation au mois d’avril. Après une plongée en mars, l’indicateur ifo s’est redressé en avril, avec un regain d’optimisme tant en ce qui concerne la situation économique actuelle que les perspectives d’activité. En revanche, l’indice des directeurs des achats a de nouveau fléchi en avril.

L’inflation demeure préoccupante, avec un taux très élevé de 7,4 % en avril. La hausse concerne désormais une grande partie des composants du panier de la ménagère. Les impulsions inflationnistes se nourrissent ainsi pour partie des effets de second tour de la hausse des prix de l’énergie. Le prix des principaux vecteurs énergétiques a entre-temps retrouvé un niveau plus modéré. Le gaz, par exemple, a baissé en avril, tout en restant à un niveau très élevé par rapport à la période précédant la guerre. La conjoncture pour les mois à venir est par conséquent tributaire de la forte pression qui affecte durablement les prix ainsi que des incertitudes qui continuent de peser sur la durée et l’issue de la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine.

L’ÉCONOMIE MONDIALE AU RALENTI

La guerre en Ukraine pèse de plus en plus sur l’économie mondiale. La croissance de la production industrielle a nettement marqué le pas en février (+ 0,9 %) par rapport aux trois mois précédents. Le même constat s’applique aux échanges internationaux. L’indicateur du climat des affaires de S&P Global (ex-IHS Markit) laisse augurer une poursuite de ce ralentissement. En avril, il a baissé à 51,70 points, sans toutefois passer au-dessous des 50 points qui marquent le seuil de croissance. Outre la guerre, une autre source d’inquiétude provient de la politique chinoise du zéro covid, qui entraîne la paralysie de zones urbaines entières. 3 % des capacités mondiales de transport par conteneurs sont actuellement en attente dans le port de Shanghaï. Les confinements de cette ampleur, s'ils devaient se poursuivre, pourraient entraîner de nouvelles pénuries d’approvisionnement et un ralentissement du commerce mondial.

LES EXPORTATIONS ALLEMANDES EN BAISSE

Les exportations allemandes ont nettement diminué au cours du premier mois de guerre. En mars, les exportations de biens et de services ont baissé en valeur nominale et en données corrigées des variations saisonnières de 4,6 % par rapport à février. Le solde trimestriel reste positif (+ 0,6 %) par rapport aux trois mois précédents, grâce aux bonnes performances enregistrées en février. Les prix à l’exportation ayant augmenté de 4,5 % pendant la même période, le résultat en termes réels devrait être nettement négatif.

Les importations de biens et de services ont par contre connu une nette hausse en valeur nominale au mois de mars. La progression a été de 5,3 % en données corrigées des variations saisonnières, et de 2,8 % pour le premier trimestre. L’évolution en termes réels devrait être nettement moindre, compte tenu de la forte hausse des prix à l’importation.

Les effets de la guerre en Ukraine sur les échanges extérieurs transparaissent pour la première fois dans les chiffres du mois de mars. La baisse des exportations est la conséquence des sanctions imposées à la Russie. Alors que les ventes à destination des voisins de l’U.E. n’enregistraient qu’un léger fléchissement, les fournitures à la Russie se sont effondrées de 62,3 % par rapport à février. Il est encore trop tôt pour dire si cette chute est liée uniquement aux sanctions ou si elle relève aussi d’une attitude étrangère à ces mesures, c’est-à-dire d’un comportement volontaire de la part des acteurs du marché. Il est tout à fait envisageable que la baisse des exportations vers la Russie s’accentue dans les mois à venir, compte tenu du temps nécessaire à la mise en œuvre des sanctions et à la résiliation des contrats. Par ailleurs, la plupart des rétorsions imposées en mars ne sont entrées en vigueur qu’à partir du 15 du mois.

Contrairement aux exportations, les importations en provenance de Russie n’ont connu qu’un léger recul (2,4 % par rapport au mois précédent). Ces fournitures comprennent principalement des produits énergétiques tels que le pétrole et le gaz, qui ne figurent pas sur la liste des sanctions. Le commerce de ces produits est donc maintenu dans un premier temps. Toutefois, les efforts de l’Allemagne pour se libérer de sa dépendance à l’égard de la Russie se concrétisent : les importations en provenance de pays tiers ont augmenté de 10,1 % en mars. Les approvisionnements sur le marché mondial progressent, les importations de Russie sont progressivement remplacées.

Les perspectives du commerce extérieur allemand pour les mois à venir sont mitigées. Les données de l’Institut d’étude du commerce mondial IfW de Kiel, portant sur les conteneurs, laissent entrevoir une reprise des exportations et des taux de croissance positifs dès le mois d’avril. Selon l’indice établi par l’Institut ifo, les espoirs des entreprises quant à leurs ventes à l’étranger, gravement douchés en mars, ont progressé de 6,4 points en avril. Toutefois, la politique chinoise du zéro covid, qui met à l’isolement des zones urbaines entières, est source d’inquiétude pour de nombreux observateurs. 3 % des capacités mondiales de transport par conteneurs sont actuellement en attente devant le port de Shanghaï. La poursuite des mesures de confinement dans le pays pourrait entraîner de nouvelles pénuries d’approvisionnement et un ralentissement du commerce mondial.

UNE CONJONCTURE INDUSTRIELLE FREINÉE PAR LA GUERRE

Le secteur secondaire allemand a enregistré un net recul de la production, de 3,9 %, en mars par rapport à février. L’industrie a connu une chute de 4,6 %, tandis que le BTP enregistrait un léger plus. Dans le domaine de l’énergie, où la hausse des prix a entraîné une forte diminution de la demande, la production a dévissé de 11,4 %.

Après cinq hausses consécutives, la production industrielle a marqué nettement le pas, en grande partie du fait de la guerre en Ukraine. Pays tourné vers l’exportation, l’Allemagne est plus exposée que d’autres aux conséquences des sanctions commerciales imposées à la Russie. En outre, des biens intermédiaires importants pour le processus de production, comme les faisceaux de câbles, sont devenus plus rares. Dans l’automobile, la production a chuté de 14 %, tandis qu’elle reculait de 5,3 % dans la construction mécanique, autre secteur important. Les entreprises souffrent par ailleurs de la hausse des prix de l’électricité, du gaz et du pétrole. Dans le secteur « Verre, produits du verre, céramique, transformation des pierres et minéraux », gros consommateur d'énergie, la production a chuté de 6,7 %, tandis qu’elle baissait de 5,2 % dans la fabrication et le travail des métaux.
L’invasion russe de l’Ukraine a également eu des conséquences sensibles sur les commandes passées à l’industrie manufacturière pendant le premier mois du conflit. Les incertitudes qu’il a engendrées ont fait dégonfler les carnets de commande en mars de 4,7 % par rapport au mois précédent, après un premier fléchissement de 0,8 % en février. La baisse de la demande constatée en mars provenait surtout de la zone hors euro (-13,2 %), tandis que les commandes en provenance de la zone euro progressaient de 5,6 %. La demande intérieure a diminué de 1,8 %. Globalement, les commandes à l’industrie manufacturière ont été en net repli par rapport à l’année précédente (-3,1 %).

Après la crise de mars, l’industrie manufacturière a quelque peu retrouvé le moral en avril. Quoiqu’un peu moins satisfaites de leur situation actuelle, les entreprises abordent les mois à venir avec un peu plus d’optimisme que le mois dernier. Compte tenu des graves incertitudes apportées par la guerre, les perspectives sont actuellement en berne.

COMMERCE DE DÉTAIL : UN CHIFFRE D'AFFAIRES EN LÉGÈRE BAISSE, DES PRIX EN FORTE HAUSSE

Pour le commerce de détail hors automobile, les estimations indiquent un fléchissement des ventes de 0,1 % en mars par rapport au mois précédent, après une progression minimale de 0,2 % en février. Les ventes se sont ainsi situées en retrait de 2,7 % par rapport à leur niveau du mois de l’année dernière. Les achats de précaution, conséquence de la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine, n’ont concerné que certains types de produits, comme l’huile de table. Ils n'ont eu aucune répercussion sensible sur le chiffre d'affaires global du commerce de détail. Les immatriculations de voitures neuves par les particuliers ont enregistré un net recul de 11,1 % en avril, après une plongée de 18,5 % en mars.

L’évolution de la consommation des particuliers est de plus en plus tributaire du chiffre élevé de l’inflation et des incertitudes soulevées par la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Les deux indicateurs provisoires les plus connus suggèrent une très forte inquiétude chez les particuliers : l’indice de confiance des consommateurs GfK est à son plancher historique et les perspectives des professionnels du détail recueillies par l’Institut ifo ont continué à se détériorer en avril, après la dégringolade constatée en mars.

Les prix à la consommation ont augmenté de 0,8 % en avril par rapport au mois précédent (+2,5 %). Les tarifs de l’énergie, qui avaient connu une envolée en mars (16,4 %), ont toutefois baissé légèrement (- 3,1 %). Les prix des produits alimentaires ont par contre grimpé de 3,6 % en avril, élargissant ainsi la gamme des produits de consommation touchés par l’inflation. Celle-ci, définie comme l’évolution des prix sur un an, a de nouveau légèrement augmenté en avril de 0,1 point à 7,4 %, après une forte hausse de 2,2 points en mars. Ce taux est le plus haut enregistré depuis la Première guerre du Golfe à l’automne 1981. Les vecteurs énergétiques ont enchéri moins fortement en avril (35,3 %) qu’en mars (39,5 %). En ce qui concerne les produits alimentaires, l’inflation annuelle a été de 8,6 % (contre 6,2 % précédemment), soit le plus haut niveau relevé depuis mars 2008. Une décélération rapide de la pression inflationniste observable actuellement n’est pas en vue du fait des incertitudes dues à la guerre menée par la Russie en Ukraine. Le taux d’inflation sous-jacente (hors énergie et produits alimentaires) qui n’était encore respectivement que de 3 % et 3,4 % en février et mars, a poursuivi son ascension à 3,8 % en avril.

MOINS DE DEMANDEURS D’EMPLOI AU PRINTEMPS MALGRÉ L'INVASION RUSSE

Sur le marché du travail, le regain d’activité printanier a produit ses effets positifs malgré la guerre d’agression russe. Le chômage et le sous-emploi ont de nouveau diminué en avril en données corrigées des variations saisonnières, et baissé respectivement de 13 000 et 14 000 personnes. En valeurs d’origine, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits a reculé de 53 000 personnes à 2 310 000 personnes. La baisse par rapport au mois de l’année précédente a été de 462 000 personnes. Le taux de chômage ne se situe plus désormais qu’à un niveau légèrement supérieur à celui d’avant la crise. Le nombre d’actifs occupés et d’emplois assujettis à la Sécurité sociale participent eux aussi de la tendance positive observée jusqu’à présent. Pour les premiers, une forte hausse de 87 000 personnes, exprimée en données corrigées des variations saisonnières, a été enregistrée en mars. Le nombre d’actifs occupés s’élevait donc à 45,2 millions de personnes en valeurs d’origine, soit 735 000 de plus que le mois de l’année précédente. En ce qui concerne les emplois assujettis à la Sécurité sociale, leur nombre a bondi de 77 000 postes en février par rapport à janvier. En février également, le recours au chômage partiel a concerné, selon les estimations de l’Agence fédérale pour l’emploi, 720 000 personnes, en léger repli par rapport au chiffre de janvier, rectifié à la hausse à 800 000 personnes. En avril, les déclarations de chômage partiel ont diminué, signe d’un usage de moins en moins fréquent de ce dispositif. La baisse a été particulièrement sensible dans le commerce et l’hôtellerie-restauration, par suite de l’assouplissement des mesures anti-corona. Les indicateurs provisoires indiquent une poursuite de l’évolution favorable enregistrée sur le marché du travail, sans hausse du chômage. Le baromètre ifo s’est lui aussi redressé. La dynamique constatée sur le marché de l’emploi devrait toutefois se tasser au cours des prochains mois en raison du ralentissement de la conjoncture et d’une normalisation accrue.

PAS DE HAUSSE DES DÉFAILLANCES D’ENTREPRISES AU DÉBUT DE L’ANNÉE

Après la baisse de ces deux dernières années, les défaillances d’entreprise demeurent, en ce début d’année 2022, en deçà du niveau de l’année précédente (- 4,6 % en janvier, - 5,3 % en février, l'un et l’autre par rapport à l’année précédente).

L’augmentation nette des annonces publiques de dépôts de bilan en février (+ 4 %) et en mars (+ 27 %, dans les deux cas par rapport au mois précédent), utilisée comme indicateur provisoire, a été suivie, selon les indications provisoires de l’Office fédéral de la statistique, par une inversion de tendance nette sous la forme d’un recul de 20,8 % en avril par rapport à mars. La guerre en Ukraine impose cependant aux entreprises un risque supplémentaire encore impossible à évaluer précisément à l’heure actuelle.

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[1] Ce communiqué a été rédigé sur la base des données disponibles au 12 mai 2022. Sauf indication contraire, les taux se rapportent à la période précédente et sont exprimés à prix et jours constants, ainsi qu’en données corrigées des variations saisonnières.