Wachstumskurve mit Kugelschreiber symbolisiert die wirtschaftliche Lage.

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  • Malgré la guerre en Ukraine, l’économie allemande a affiché un solide premier semestre. Toutefois, les incertitudes quant à la poursuite des livraisons de gaz russe laissent entrevoir des perspectives plus moroses pour le second semestre.
  • En mai, l’industrie allemande s’est redressée après l’onde de choc provoquée par la guerre russe contre l’Ukraine. La production et les entrées de commandes des industries manufacturières se sont stabilisées. Les fortes incertitudes causées par la guerre et le risque d’un arrêt des livraisons de gaz russe poseront toutefois d’importants défis à de nombreuses entreprises.
  • En mai, les chiffres d’affaires du commerce de détail ont un peu redécollé par rapport au fort recul du mois d’avril. Le moral des consommateurs reste cependant morose du fait de l’envolée des prix.
  • Le taux d’inflation a légèrement baissé de 0,3 point de pourcentage entre mai et juin, pour atteindre 7,6 %. Les mesures engagées par le gouvernement fédéral, comme la remise à la pompe à essence « Tankrabatt » et le ticket à neuf euros, ont quelque peu freiné l’envolée des prix. La hausse des prix énergétiques s’est tassée mais reste importante. L’inflation des denrées alimentaires a affiché un nouveau record depuis la réunification. Le taux d’inflation sous-jacente, c’est-à-dire les augmentations de prix hors énergie et produits alimentaires, a diminué de 0,6 point de pourcentage pour s’établir à 3,2 %.
  • Par la première fois en juin, la guerre en Ukraine a eu d’importantes répercussions sur le marché du travail. Le chômage a augmenté, ce qui s’explique principalement par l’arrivée des réfugiés ukrainiens. Cette tendance, qui devrait également se poursuivre ces prochains mois dans une moindre mesure, n’est cependant pas liée à une faiblesse de l’économie nationale.
  • La baisse des faillites d’entreprises enregistrée en 2020/21 s’est aussi poursuivie en début d’année 2022 : au 1er trimestre, les faillites d’entreprises étaient de 7,4 % en dessous de la valeur du trimestre de l’année dernière. Pour le mois d’avril, la baisse est de 6,4 % par rapport à l’année dernière. Les indicateurs provisoires actuels et les sondages ne laissent pas présager de hausse nette dans un futur proche, malgré l’augmentation des risques.

L’ÉCONOMIE ALLEMANDE EST SOLIDE - LES PRÉVISIONS RESTENT MARQUÉES PAR L’INCERTITUDE
Actuellement, la conjoncture allemande se partage en deux. D’une part, la situation des entreprises n’est pas aussi mauvaise qu’on aurait pu le craindre compte tenu de la guerre en Ukraine et de l’envolée des prix de l’énergie. La production et les entrées de commandes ont ainsi enregistré une légère hausse au mois de mai et les chiffres d’affaires du commerce de détail ont également augmenté. Le secteur de l’hôtellerie a bien commencé l’été. Le premier semestre reste dans l’ensemble solide, en dépit des prévisions beaucoup plus pessimistes de nombreux observateurs. D’autre part, les perspectives du second trimestre sont plus timorées : les incertitudes concernant l’éventuel arrêt des livraisons de gaz russe plombent l’ambiance. Le commerce mondial souffre lui aussi du choc provoqué par la guerre d’agression russe, qui a entraîné une légère baisse des exportations allemandes en mai. L’excédent de la balance commerciale allemande a nettement diminué du fait de l’envolée des prix des importations.

La menace de pénurie de gaz se reflète aussi dans les indicateurs de tendance. L’indice ifo du climat des affaires a légèrement baissé en juin, surtout en raison de la dégradation des prévisions. Grande consommatrice d’énergie, l’industrie chimique est particulièrement inquiète face aux incertitudes liées aux livraisons de gaz russe.

En juin, le taux d’inflation s’est légèrement replié à 7,6 %. Il reste toutefois à un niveau équivalent de celui de l’hiver 1973/74, pendant la première crise pétrolière dans le territoire de l’ex-RFA. Les prix de l’énergie et des denrées alimentaires demeurent les principaux moteurs de l’inflation. La remise à la pompe à essence et le ticket à neuf euros ont quelque peu freiné l’envolée des prix à court terme. L’évolution du niveau des prix dépendra des livraisons d’énergie russes et de la réaction de la BCE face aux taux d’inflation élevés.

L’ÉCONOMIE MONDIALE MARQUÉE PAR LA GUERRE EN UKRAINE
L’économie mondiale doit faire face à l’onde de choc provoquée par la guerre d’agression russe en Ukraine. En avril, la production industrielle mondiale s’est ainsi repliée de 2,7 % par rapport au mois de mars, après avoir déjà perdu 1 % ce même mois. Le commerce mondial a néanmoins pu en partie compenser en avril (+0,5 %) la perte du mois de mars (-0,9 %). L’indice de S&P Global (anciennement IHS Markit) indique une légère reprise au cours des prochains mois. En mai, il a grimpé à 51,5 points, dépassant ainsi le seuil de croissance de 50 points. Cependant, les attentes en matière d’exportations établies par l’institut ifo se sont de nouveau légèrement dégradées par rapport au mois précédent. Les perspectives des entreprises allemandes exportatrices sont assombries par les fortes incertitudes liées à la guerre et une possible pénurie d’approvisionnement en gaz. À cela s’ajoutent d’importants dysfonctionnements des chaînes d’approvisionnement causés notamment par la politique stricte du zéro covid en Chine, qui induit la fermeture d’agglomérations entières. Certes, d’importants assouplissements ont été consentis à Shangaï récemment, mais s’il y avait de nouveau des confinements de cet ordre de grandeur en Chine, un durcissement des difficultés d’approvisionnement et une poursuite du ralentissement du commerce mondial seraient alors à craindre.

COMMERCE EXTÉRIEUR ALLEMAND : LES PRIX ÉLEVÉS DE L’ÉNERGIE FONT FONDRE L’EXCÉDENT DE LA BALANCE DES OPÉRATIONS COURANTES
L’augmentation du niveau des prix de l’énergie s’est aussi répercutée sur le commerce extérieur allemand. En mai, les exportations nominales de marchandises et de services ont stagné par rapport à avril, en données corrigées des variations saisonnières, avec un taux de fluctuation de 0,1 %. Elles avaient enregistré une forte hausse de 3,6 % en avril. En comparaison sur deux mois, l’augmentation est de 1,4 %. En mai, les prix des exportations ont grimpé de 0,5 % et devraient avoir fait baisser les exportations en termes réels. Le commerce de marchandises a été freiné par la chute des exportations dans la zone euro (-2,6 %), tandis que les exportations vers les États-Unis (+5,7 %) et la Chine (+0,5 %) ont décollé.

En mai, les importations de marchandises et de services ont progressé, de 2,2 % en données corrigées des variations saisonnières (avril : +0,9 %). En comparaison sur deux mois, cela représente une nette augmentation de 4,5 %. Mais avec le nouveau renchérissement des prix des importations en mai (+0,9 %), l’évolution réelle des importations devrait être plus faible. Les importations nominales de marchandises provenant de Chine ont diminué par rapport au mois précédent (-1,6 %), tandis que celles des États-Unis (+9,7 %) et de la zone Euro (+2,5 %) ont fortement décollé.

Suite à l’exceptionnelle dynamique des prix de l’énergie, l’excédent mensuel de la balance des opérations courantes de l’Allemagne est tombé à 7,3 milliards d’euros en avril. Ces dernières années, les excédents mensuels étaient généralement d’environ 20 milliards d’euros en moyenne.

Par rapport au mois précédent, les exportations de marchandises allemandes vers la Russie ont augmenté de 29,4 % (avril : -9,9 %) en données corrigées des valeurs saisonnières. Cette hausse a surtout résulté de l’augmentation des exportations de produits pharmaceutiques qui ne sont pas soumis aux sanctions. Cependant, par rapport au même mois de l’année précédente, les exportations ont chuté de près de 55 % en comparaison avec les données d’origine. En mai, la valeur des importations de marchandises russes a diminué de 9,8 % (avril : -16,4 %). L’Allemagne importe de Russie principalement des produits énergétiques, comme le pétrole et le gaz, qui ne faisaient pas l’objet de sanctions au mois de mai. Cette nouvelle forte baisse des importations de Russie indique que l’économie allemande les remplace de plus en plus, renforçant ainsi son indépendance.

En Chine, plus de 3 % de la capacité mondiale de fret restent actuellement bloqués à Shanghai et dans la province avoisinante du Zheijang. Toutefois, davantage de bateaux ont pu quitter le port de Shanghai, ce qui pourrait présager une légère reprise du commerce extérieur germano-chinois.

Actuellement, les porte-conteneurs stationnent aussi de plus en plus en mer du Nord devant les ports allemands, néerlandais et belges. Ils représentent près de 2 % de la capacité de fret mondiale. C’est aussi la raison pour laquelle les prévisions en matière d’exportations établies par l’institut ifo sont légèrement plus pessimistes en juin (de +4,4 à +3,7 points). Environ 15 % des entreprises tablent sur une amélioration au cours des trois prochains mois. Les perspectives du commerce extérieur allemand pour ces prochains mois restent dans l’ensemble en berne.

LA SITUATION INDUSTRIELLE SE STABILISE EN MAI
En mai, la production dans le secteur secondaire a progressé de 0,2 % par rapport à avril. L’industrie et le secteur de la construction ont augmenté leur production de respectivement 0,6 % et 0,4 %, tandis que le domaine de l’énergie réduisait la sienne de 5,8 %.

L’évolution a été hétérogène au sein de l’industrie : dans le secteur important de l’automobile et des pièces automobiles, la production a nettement progressé de 5,9 %. La construction mécanique et les produits métalliques ont également enregistré des hausses (+1,4 % et +0,9 %). D’autres branches, telles que les produits pharmaceutiques (-4,3 %), les produits chimiques (-2,7 %), le papier et le carton (-2,5 %) ainsi que les denrées alimentaires et le fourrage (-2,2 %) ont accusé des pertes.

Les entrées de commande de l’industrie manufacturière n’ont pratiquement pas changé (+0,1 %). Les trois mois précédents, d’importantes baisses avaient été enregistrées du fait de la guerre d’agression russe contre l’Ukraine. En mai, le nombre de grosses commandes a été supérieur à la moyenne. Sans les prendre en compte, les entrées de commande ont reculé de 0,9 % par rapport au mois précédent. En données corrigées des jours ouvrables, les entrées de commandes ont été de 3,1 % en dessous du niveau de l’année dernière.

Entre avril et mai, la demande en biens d’équipement a progressé de 3,3 %. Les biens intermédiaires et les biens de consommation ont en revanche dégringolé de 3,2 % et 4,5 %. La baisse de la demande intérieure a été de 1,5 %. Les commandes de l’étranger ont augmenté de 1,3 % (zone euro -2,4 %, hors zone euro +3,7 %). Comme pour la production industrielle, la demande a été très hétérogène dans les différents secteurs économiques : le secteur automobile et des pièces automobiles s’est envolé de +12,8 %. D’autres secteurs comme la construction mécanique et la production métallurgique ont accusé des pertes plus ou moins importantes, tandis que la demande en produits chimiques ne faiblissait pas.

Les perspectives de la conjoncture industrielle restent mitigées ces prochains mois du fait des fortes incertitudes liées à la guerre et de la menace de l’arrêt des livraisons de gaz russe.

AUGMENTATION DES CHIFFRES D’AFFAIRES DU COMMERCE DE DÉTAIL ; LÉGÈRE BAISSE DU TAUX D’INFLATION
Dans le commerce de détail sans véhicules, les chiffres d’affaires ont progressé de 0,6 % en mai par rapport à avril, cependant ils avaient dégringolé de 5,4 % ce même mois. Les chiffres d’affaires étaient ainsi de 3,6 % en dessous de leur niveau de l’année dernière, ce qui est dû notamment à l’envolée des prix dans le commerce de détail. En calcul nominal, c’est-à-dire sans correction des prix, la croissance de chiffre d’affaires annuel est de 4,1 %. En mai, le commerce de denrées alimentaires a enregistré une baisse de chiffre d’affaires réelle de 0,6 % par rapport au mois précédent (contre -9,5 % par rapport au même mois de l’année précédente), tandis que les textiles, les vêtements, les chaussures et les articles en cuir affichaient une nette hausse de 10,6 % (contre -9,5 % au même mois de l’année précédente). Le commerce dans la vente par correspondance et sur Internet a chuté de 2,5 % par rapport à avril (contre -14,1 % le même mois en 2021). Pour les nouvelles immatriculations de véhicules par des utilisateurs privés, une hausse de 2,7 % a de nouveau été enregistrée (mai : +6,0 %).

Le moral des consommateurs reste toutefois morose du fait de l’envolée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires. Les deux indicateurs courants provisoires le montrent : pour juillet, un nouveau niveau historiquement bas est prévu pour le GfK. Les prévisions pour le commerce de détail de l’Institut ifo se sont aussi nettement assombries en juin, tombant à un très faible niveau, après leur légère embellie du mois de mai.

En juin, le niveau des prix à la consommation a progressé de 0,1 % par rapport au mois de mai. Contrairement aux six derniers mois, une légère reprise a été enregistrée car les mesures engagées par le gouvernement fédéral, comme le rabais à la pompe et le ticket à neuf euros, ont eu un effet modérateur sur la hausse des prix. L’énergie a augmenté de 0,6 % (contre +2,8 % auparavant) et les denrées alimentaires de 1,0 % (contre +2,1 % auparavant). Le taux d’inflation, c’est-à-dire l’évolution du niveau des prix sur un an, a reculé de 0,3 point de pourcentage pour atteindre 7,6 % en juin, tandis qu’il était encore inférieur à 5 % en début d’année. Avec 38 %, l’inflation des prix énergétiques a certes ralenti (+38,3 % auparavant) grâce au rabais à la pompe, mais elle reste à un niveau élevé. L’augmentation des prix des denrées alimentaires a atteint un nouveau record (+12,7 %) depuis la réunification (+11,1 % auparavant). Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les prix de l’énergie s’envolent, faisant grimper l’inflation en Allemagne. Environ la moitié de l’inflation est imputable aux prix énergétiques (env. 4 points de pourcentage). Les denrées alimentaires ont elles aussi grandement contribué au taux d’inflation élevé (près de 1,1 point de pourcentage). D’après des calculs de l’Office fédéral des statistiques, sans les mesures d’allègement et avec des prix inchangés pour les carburants et le transport public de personnes, le taux d’inflation aurait été de 8,6 %. Le taux d’inflation sous-jacente (sans énergie ni denrées alimentaires) a reculé de 0,6 point de pourcentage en juin, pour s’établir à 3,2 %, tandis qu’il était encore sous les 3 % en début d’année. Compte tenu de la menace qui pèse sur les livraisons de gaz russe, les prix de l’énergie devraient rester élevés au cours des prochains, malgré les mesures prises par le gouvernement, comme la suppression du prélèvement EEG. Il faut donc tabler sur des taux d’inflation toujours élevés à court terme.

AUGMENTATION DU TAUX DE CHÔMAGE DU FAIT DE LA MIGRATION DES RÉFUGIÉS UKRAINIENS
L’invasion russe de l’Ukraine a pour la première fois d’importantes retombées sur le marché du travail, du fait de la migration des réfugiés qu’elle a provoqué. En juin, le nombre de demandeurs d’emploi enregistrés a fortement bondi de 133 000 personnes en données corrigées des variations saisonnières, ce qui s’explique principalement par les réfugiés ukrainiens. En outre, le faible chômage saisonnier l’hiver dernier et le nombre limité de mesures en matière de politique du travail ont fait augmenter les chiffres du chômage.

En chiffres non corrigés, le nombre de demandeurs d’emploi enregistrés a progressé de 66 000 personnes et s’élève désormais à 2,36 millions de personnes. 251 000 personnes de moins étaient inscrites au chômage par rapport au même mois de l’année précédente. L’évolution positive du nombre de personnes actives et du nombre d’emplois soumis aux cotisations sociales s’est poursuivie. En mai, l’emploi a augmenté de 35 000 personnes actives en données corrigées des variations saisonnières. Selon les chiffres non corrigés, l’Allemagne comptait 45,5 millions de personnes actives, soit 772 000 personnes de plus qu’au même mois de l’année précédente. En avril, le nombre d’emplois soumis aux cotisations sociales a augmenté de 11 000 personnes par rapport au mois précédent. Le chômage partiel s’élevait à environ 0,4 million de personnes, soit un nombre sensiblement inférieur à celui du mois précédent. Les déclarations de chômage partiel ont, elles aussi, continué de baisser. Les indicateurs provisoires se sont un peu tassés, mais la demande en main d’œuvre culmine toujours à un haut niveau. L’actuelle hausse du chômage suite à la guerre d’agression russe n’est donc pas due à une faiblesse de l’économie nationale, mais s’explique presque entièrement par les mouvements migratoires déclenchés par la guerre. Ceux-ci devraient encore entraîner des rebonds du chômage au cours des prochains mois, mais d’une moins grande intensité.

TOUJOURS PAS DE HAUSSE DES FAILLITES
Après le repli de ces deux dernières années, les faillites d’entreprises sont aussi restées en début d’année 2022, bien en dessous du niveau de 2021. Au 1er trimestre 2022, les déclarations de faillites d’entreprises étaient de 7,4 % inférieures à celles du trimestre de l’année précédente. En avril aussi, le nombre de déclarations de faillites était de 7,4 % en dessous de la valeur de l’année précédente.

La hausse de 8,4 % des faillites ordinaires observée en mai par rapport à avril, comme indicateur intermédiaire de l’évolution future des faillites, ne s’est pas poursuivie en juin (-7,6 % par rapport à mai). Toutefois, les conséquences de la guerre en Ukraine représentent un risque supplémentaire pour les entreprises. Il est actuellement impossible d’estimer quelle sera la dynamique des faillites au cours de l’année.

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[1] Le présent rapport se base sur des données disponibles au 13 juillet 2022. Sauf indications contraires, les chiffres indiqués représentent des taux de variation par rapport à la période précédente et sont établis sur la base de données corrigées de l’influence des prix ainsi que des effets calendaires et des variations saisonnières.