Wachstumskurve mit Kugelschreiber symbolisiert die wirtschaftliche Lage.

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  • Le 12 octobre 2022, le ministre fédéral Robert Habeck a présenté les prévisions d'automne du gouvernement fédéral.

  • Les perspectives de croissance de l'Allemagne se sont nettement assombries. Ceci est dû à l'arrêt des livraisons de gaz par la Russie, contrairement aux contrats conclus, et à la flambée des prix de l'énergie qui en résulte en Europe.

  • Le gouvernement fédéral table sur une croissance de 1,4 % pour l'année en cours. En 2023, la performance économique devrait reculer de 0,4 %.

  • Le taux d'inflation s'élève à 8,0 % en 2022 et restera à un niveau élevé de 7,0 % en 2023. Il aurait été encore plus élevé si les mesures du bouclier de protection n'avaient pas été prises.

  • Les indicateurs de conjoncture laissent entrevoir un hiver difficile pour l'économie allemande.

  • L'industrie a dû enregistrer une baisse supplémentaire. En août, tant la production que les entrées de commandes ont diminué.

  • Les chiffres d'affaires du commerce de détail ont poursuivi leur tendance à la baisse en août. Face à la forte augmentation des prix, le climat de la consommation est toujours à la baisse.

  • En septembre, le taux d'inflation s'est élevé à 10 %, soit le taux le plus élevé depuis décembre 1951. La fin de la baisse de la taxe sur les carburants et du ticket à neuf euros a contribué à cette hausse.

  • Sur le marché du travail, la situation reste stable. Certes, les indicateurs provisoires ont baissé, mais ils laissent entrevoir que les entreprises vont garder leurs employés malgré le risque d'une récession.

  • Au premier semestre de 2022, les tribunaux municipaux allemands ont enregistré 7 113 demandes de procédures collectives, soit 4 % moins de demandes qu'au premier semestre de 2021. Des indicateurs provisoires actuels et des sondages laissent présager un renversement de tendance concernant les procédures collectives qui, jusqu'à présent, étaient à la baisse, mais une « vague de faillites » n'est actuellement pas à craindre.

L'ÉCONOMIE ALLEMANDE FAIT FACE À UN HIVER DIFFICILE

Dans ses prévisions d'automne publiées le 12 octobre, le gouvernement fédéral a corrigé nettement à la baisse ses perspectives de croissance pour l'Allemagne par rapport aux prévisions de printemps. La croissance attendue pour 2022 est de 1,4 % mais ce taux s'explique avant tout par un premier semestre plus solide et plus positif qu'attendu. Pour l'année 2023 par contre, le gouvernement fédéral table sur un recul de la performance économique de 0,4%. L'Allemagne est donc confrontée à une récession.

Les indicateurs de conjoncture des mois d'août et de septembre confortent les prévisions selon lesquelles la situation économique s'est fortement dégradée dans le contexte des livraisons de gaz russes taries. Ainsi, les entrées de commandes et la production ont reculé en août. Les industries à forte consommation énergétique ont réduit leur production de manière disproportionnée. Le climat des affaires établi par l'institut ifo a également reculé en raison des mauvaises prévisions commerciales. Le commerce extérieur a certes enregistré un résultat faiblement positif en termes nominaux, en termes réels cependant, le résultat sera certainement négatif en raison de la flambée des prix.

Celle-ci concerne également les prix à la consommation. En septembre, le taux d'inflation s'est élevé à 10 %. Il s'agit du taux le plus élevé depuis décembre 1951. La forte hausse par rapport au mois précédent (août : +7,9 %) s'explique probablement par la fin de la baisse de la taxe sur les carburants et du ticket à neuf euros. Ces mesures ne contribuent donc plus à la baisse des prix.

Selon ses prévisions d'automne, le gouvernement fédéral s'attend à une récession pendant l'hiver et trois trimestres consécutifs à partir du troisième trimestre 2022.

Un message positif : selon les données actuelles, la récession n'aura presque pas d'impacts sur le marché du travail. En ces temps de pénurie de main-d'œuvre qualifiée, les entreprises feront tout pour garder leurs employés et embaucher de nouveaux travailleurs qualifiés de manière ciblée. Le marché du travail se montre robuste dans cette crise. L'augmentation du salaire minimum soutient les ménages à faible revenu. La hausse récente du chômage s'explique presque entièrement par les flux migratoires en provenance de l'Ukraine.

RECUL DE LA CONJONCTURE MONDIALE

Les indicateurs fiables caractérisant l'économie mondiale ne sont disponibles qu'avec un retard de trois mois. En juillet, la production industrielle mondiale avait enregistré une évolution légèrement négative de -0,7 % par rapport au mois précédent, tandis que le taux de variation du commerce mondial s'élevait encore à +0,7 %. Les indicateurs de sentiment économique les plus récents laissent présager une stagnation de l'économie mondiale à un niveau bas. En septembre, l'indice S&P (anciennement appelé IHS Markit) continuait à être au-dessous du seuil de croissance de 50 points, il a pourtant très légèrement augmenté par rapport au mois précédent. L'augmentation enregistrée dans le domaine des services pouvait contrebalancer le recul enregistré dans le domaine des industries manufacturières. Pour les mois à venir, les sondés s'attendent à un contexte difficile pour l'économie mondiale.

LÉGÈRE HAUSSE ENREGISTRÉE DANS LE COMMERCE EXTÉRIEUR

En août, les exportations nominales de marchandises ont baissé de 0,3 % par rapport au mois précédent en données corrigées des variations saisonnières. Par contre, les importations nominales ont augmenté de 2,0 % en juillet. Toutefois, l'augmentation devrait être beaucoup plus faible en termes réels en raison de la forte hausse des prix.
La dégradation des termes de l'échange en raison de la crise des prix de l'énergie se traduit progressivement par l'excédent de la balance des opérations courantes. Pendant dix des douze derniers mois, les importations ont augmenté plus fortement que les exportations en termes nominaux. Dans ce contexte, l'excédent commercial mensuel de l'Allemagne a nettement diminué. En août, il s'élevait à 3,4 milliards d'euro, au même mois de l'année précédente, il était de 21,1 milliards d'euros, soit plus de six fois supérieur.

Les perspectives des échanges extérieurs sont plutôt pessimistes malgré les bons résultats du mois sous revue (août). Selon les indices de sentiment établis par sondages, les attentes se sont assombries. En août, l'indice S&P Global est passé au-dessous du seuil de croissance important de 50 points. Les attentes en matière d'exportations établies par l'institut ifo ont, quant à elles, également continué à baisser en septembre. Elles ont enregistré - 6 points et ont ainsi atteint un niveau qui n'a été dépassé que pendant la première vague de pandémie de coronavirus au printemps 2020.

Les signes laissant entrevoir une reprise dans le contexte de la pénurie de matériaux enregistrée ces derniers mois ont également diminué. Il semble que la situation de l'industrie allemande ne s'améliore pas actuellement. Selon un sondage réalisé par l'institut ifo, environ 78 % des entreprises sont concernées par une pénurie de matériaux. Ceci ne concorde pas avec la situation mondiale qui est caractérisée par un répit de la pénurie en raison de la baisse du taux de fret par conteneur.

DÉGRADATION DE LA CONJONCTURE INDUSTRIELLE

La production dans le secteur secondaire a diminué légèrement de 0,8 % en août par rapport au mois précédent. Tandis que la production dans l'industrie est restée presque inchangée (-0,1%), la production dans les secteurs de la construction et de l'énergie a diminué respectivement de 2,1 % et de 6,1 %.

Les deux secteurs industriels importants des véhicules et des composants automobiles ainsi que de la construction mécanique ont enregistré des hausses considérables respectives de 2,8 % et de 2,2 % en août après des baisses en juillet. Les branches de l'économie à forte consommation d'énergie comme les produits chimiques (-3,1 %), la production de verre, produits en verre et céramique (-2,8 %) ainsi que la cokéfaction et le raffinage du pétrole (-4,5 %) ont enregistré de fortes baisses.

En août, les entrées de commandes ont connu une baisse de 2,4 % par rapport au mois précédent en données corrigées des variations saisonnières. Après une correction des données, une augmentation de 1,9 % a été enregistrée en juillet. Hors commandes importantes, une hausse de 0,8 % a été enregistrée. Dans l'ensemble, les commandes ont été inférieures de 4,1 % au niveau de l'année précédente. La chute en comparaison mensuelle a été due à une demande plus faible de biens d'équipements et de biens intermédiaires (2,4 % et 4,2 %). La production de biens de consommation a quant à elle augmenté de 5,2 %. Les commandes nationales ont diminué de 3,4 %. Celles en provenance de l'étranger ont baissé de 1,7 %. Ce faisant, la demande venant des pays de la zone euro a diminué plus fortement que les entrées de commandes venant des pays hors zone euro (3,8 % et 0,4 %). Au sein des secteurs, les fortes diminutions du côté des autres véhicules (45,7 %) ainsi que des équipements électriques (16,0 %) ont eu un impact visible. En revanche, les secteurs importants des véhicules et des composants automobiles ainsi que de la construction mécanique ont enregistré des hausses des entrées de commandes respectives de 4,7 % et de 3,8 %. Les secteurs des produits pharmaceutiques (+6,8 %) et de l'informatique/optique (+2,5 %) ont également enregistré de nettes augmentations. Les produits chimiques ont été quant à eux moins commandés (3,4 %).

La conjoncture industrielle est ébranlée par la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine et la flambée des prix du gaz et de l'électricité. Les perspectives assombries pour le reste de l'année se reflètent aussi dans le climat des affaires plus morose et des attentes prudentes en matière d'exportations. Récemment, un grand écart historique s'est montré dans les résultats du test conjoncturel de l'institut ifo entre les attentes pessimistes et l'évaluation modérée de la situation. Ce constat reflète également les incertitudes massives auxquelles sont confrontés actuellement les acteurs économiques.

NOUVEAU RECUL DES CHIFFRES D'AFFAIRES DANS LE COMMERCE DE DÉTAIL

Dans le commerce de détail sans véhicules, les chiffres d'affaires ont poursuivi leur tendance à la baisse et ont diminué de 1,3 % en août par rapport au mois précédent, après avoir augmenté de 0,7 % en juillet. Ainsi, les chiffres d'affaires ont été inférieurs de 4,3 % au niveau de l'année précédente, ce qui s'explique avant tout par la forte hausse des prix dans le commerce de détail. En valeur nominale, c'est-à-dire avec des données non corrigées de l'influence des prix, une augmentation de 5,4 % des chiffres d'affaires a été enregistrée en un an. En août, le commerce des denrées alimentaires a enregistré une diminution du chiffre d'affaires réelle de 1,7 % par rapport au mois précédent (-3,1 % par rapport au mois de l'année précédente). Le commerce de textiles, vêtements, chaussures et maroquinerie a enregistré une baisse de 1,1 % (-5,9 % par rapport au mois de l'année précédente). Les ventes par correspondance et par internet ont reculé de 7,0 % (-7,1 % par rapport au mois de l'année précédente). Dans les stations essence, une hausse du chiffre d'affaires de 14 0 % a été enregistrée en août avant la fin de la remise à la pompe pour l'essence (« Tankrabatt »), soit la hausse la plus forte depuis le commencement des séries chronologiques en 1994 (+12,6 % par rapport au mois de l'année précédente). Ainsi, le chiffre d'affaires a été supérieur de 24,5 % au niveau d'avant l'introduction de la remise à la pompe en mai. Concernant les nouvelles immatriculations de véhicules par des utilisateurs privés, une forte augmentation de 17,9 % a été enregistrée en septembre, après avoir déjà fortement progressé de 13,1 % en août.

Selon l'étude établie par la société GfK, le climat de la consommation dans les ménages est toujours à la baisse. Pour octobre, un nouveau recul est pronostiqué qui atteindra un nouveau niveau record. Les attentes commerciales établies par l'institut ifo dans le commerce de détail ont également continué à s'assombrir en septembre. Le solde des données s'élève désormais à un niveau très bas.

LE TAUX D'INFLATION ATTEINT LE NIVEAU LE PLUS ÉLEVÉ DEPUIS 71 ANS

En août, le taux d'inflation, soit l'augmentation du niveau des prix en glissement annuel, a de nouveau augmenté en septembre pour atteindre 10,0 %. Il s'agit du taux le plus élevé depuis décembre 1951. À l'époque, la raréfaction des biens juste après la réforme monétaire avait entraîné des taux d'inflation très élevés. Le taux a donc grimpé de 2,1 points de pourcentage en septembre 2022 par rapport au mois précédent (août : +7,9 %). L'inflation sous-jacente (hors denrées alimentaires et énergie) s'est élevée à +4,6 %, ce qui est inférieur à la moitié du taux d'inflation mais correspond à un niveau record depuis décembre 1993 (août : +3,5 %).

Les prix de l'énergie ont de nouveau très fortement augmenté (+43,9 % ; août : 35,6 %). La hausse des prix des denrées alimentaires a cependant atteint un nouveau record absolu (+18,7 %) depuis la réunification (août : +16,6 %). Cette hausse notamment entraîne une augmentation des prix en aval. En août, les prix à la production ont enregistré une augmentation de +45,8 % en glissement annuel, ce qui est la plus forte hausse jamais enregistrée depuis le début des statistiques en 1949. Ils ont augmenté de 7,9 % par rapport au mois précédent. En juillet, les prix à l'importation ont progressé de +28,9 % par rapport à l'année précédente. Par contre, la hausse des prix dans le commerce de gros était de nouveau plus faible (+18,9 % par rapport à août 2021 ; +0,1 % par rapport à juillet 2022).

La fin du ticket à neuf euros et de la remise à la pompe ont contribué à la progression du taux d'inflation. Pour les mois à venir, on s'attend à ce que le taux d'inflation reste à un niveau élevé. Les freins aux prix du gaz et de l'électricité seront mis en œuvre de sorte que les effets de la hausse des prix soient moins forts.

MARCHÉ DU TRAVAIL : SITUATION STABLE MALGRÉ LES INCERTITUDES GLOBALES

Sur le marché du travail, la situation reste stable mais la reprise de l'automne traditionnelle est relativement faible face aux incertitudes globales. La hausse du chômage s'est ralentie et s'est élevée à 14 000 personnes en septembre. L'augmentation enregistrée ces derniers mois s'explique essentiellement par les flux migratoires en provenance de l'Ukraine. Depuis juin, les réfugiés ukrainiens sont enregistrés comme demandeurs d'emploi. Par conséquent, le nombre de chômeurs régis par le Code social II augmente plus fortement, soit de 4 000 personnes en septembre. Concernant les personnes régies par le Code social III, un recul de 6 000 personnes a été cependant enregistré. Pour la première fois depuis un certain temps, le nombre de personnes actives n'a plus augmenté en août (-4 000 personnes). Le nombre d'emplois soumis aux cotisations sociales a augmenté en juillet (+16 000 personnes). L'augmentation du salaire minimum à 12 euros soutient les ménages à faible revenu. En juillet, environ 0,1 million de personnes avaient recours au chômage partiel, le taux continue donc à baisser. Les indicateurs provisoires ont diminué mais laissent toutefois entrevoir une évolution stable. Dans le secteur des services, les entreprises continuent à rechercher du personnel tout en essayant de garder les employés déjà embauchés face à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, et ce malgré une récession qui risque de menacer l'économie allemande.

LE NOMBRE DE FAILLITES CONTINUE À RECULER AU 1ER SEMESTRE 2022

L'évolution à la baisse des faillites d'entreprises des deux dernières années se poursuit et les chiffres restent en 2022 en deçà du niveau de l’année précédente. Selon les données définitives de l'Office fédéral de la Statistique, au premier semestre de 2022, les tribunaux municipaux allemands ont enregistré 7 113 faillites d'entreprises, soit 4 % moins de demandes qu'au premier semestre 2021 (-21 % par rapport au 1er semestre 2020).
Le nombre de demandes de procédures collectives est un indicateur provisoire et permet de donner des indications sur l'évolution future des faillites d'entreprises. Selon les données provisoires de l'Office fédéral de la Statistique, la tendance enregistrée en juin (-7,6 %) et en juillet (-4,2 %) ne s'est plus poursuivie en août 2022 (+6,6 % respectivement par rapport au mois précédent). Les experts de l'institut pour la recherche économique de Halle (IW Halle) tablent sur un nombre croissant de faillites d'entreprises dans les prochains mois, ils ne s'attendent cependant pas à une « vague de faillites ». Toutefois, les conséquences de la guerre en Ukraine et la flambée des prix de l'énergie représentent une charge supplémentaire pour les entreprises dont les effets sur les procédures collectives ne sont que difficiles à estimer pour l'année en cours.

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[1] Le présent rapport se base sur des données disponibles au 12 octobre 2022. Sauf indications contraires, les chiffres indiqués représentent des taux de variation par rapport à la période précédente et sont établis sur la base de données corrigées de l'influence des prix ainsi que des effets calendaires et des variations saisonnières.