Wachstumskurve mit Kugelschreiber symbolisiert die wirtschaftliche Lage.

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  • La flambée continue des prix de l’énergie, la hausse de l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat qu’elles entraînent affectent de plus en plus fortement la conjoncture économique en Allemagne.

  • Les derniers chiffres officiels font état, pour le troisième trimestre, d’une conjoncture plus favorable que celle qui était attendue et d’une croissance de l’économie allemande. Le Gouvernement fédéral prévoit cependant un recul de l’activité pour le dernier trimestre de l’année et pour les trois premiers mois de 2023, avec pour conséquence une croissance moyenne du PIB légèrement négative sur l’ensemble de l’année 2023.

  • Le secteur industriel est parvenu à réduire substantiellement sa consommation de gaz depuis le début de l’année. Une grande partie de ces économies ont été obtenues grâce à des mesures d’efficacité énergétique et par le recours à des sources d’énergie alternatives. Les baisses de production ont concerné principalement les industries à forte consommation d’énergie. Au début du mois de novembre, les réservoirs de gaz étaient remplis à plus de 99 %.

  • La production industrielle a connu une nouveau rebond à la fin du troisième trimestre. Les perspectives pour les mois à venir sont toutefois assez ternes du fait d’un recul sensible de la demande et d’une ambiance nettement morose dans les entreprises.

  • Les ventes du commerce de détail ont enregistré une reprise en septembre, malgré la chute brutale observée dans les stations-service à l’expiration de la réduction sur le prix des carburants. Le moral des consommateurs reste morose.

  • L’inflation a continué de progresser en octobre, à 10,4 %, le taux le plus élevé depuis décembre 1951. La baisse de la T.V.A. sur les livraisons de gaz et sur la chaleur en réseau, de 19 % à 7 %, devrait pourtant avoir eu un effet modérateur.

  • En octobre, le marché du travail a continué à faire preuve de résilience, tout en présentant les premiers signes d’une détérioration de la conjoncture. Les difficultés à recruter poussent les entreprises à retenir leurs salariés.

  • De janvier à août 2022, les tribunaux d’instance allemands ont signalé une baisse d’environ 2 % du nombre de demandes de redressement judiciaire, 9414 au total, par rapport à la même période de l’année précédente. Les indicateurs provisoires et les enquêtes effectuées récemment laissent présager une augmentation du nombre de cessations de paiement dans les mois à venir, sans toutefois annoncer une « vague de faillites ».

L’ÉCONOMIE ALLEMANDE FACE AU RISQUE DE RÉCESSION HIVERNALE

La flambée continue des prix de l’énergie, la hausse de l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat qu’elles entraînent continuent d’assombrir les perspectives de l’économie allemande. D’après les sondages, les perspectives d’activité des entreprises, autant que le moral des consommateurs, stagnent à des niveaux très faibles. Face à cela, quelques points positifs sont à relever. Le secteur industriel est ainsi parvenu à réduire depuis le début de l’année sa consommation de gaz de plus de 20 % et à diminuer sa dépendance au gaz russe. L’activité économique étant restée relativement stable, une grande partie de ces économies est à mettre sur le compte des progrès réalisés en matière d’efficacité. Les entreprises ont par ailleurs réussi à remplacer une partie du gaz qu’elles utilisent pour produire en lui substituant d’autres sources d’énergie. Depuis le début du mois de novembre, les réservoirs de gaz sont remplis à plus de 99 %. Selon l’annonce exprès du 28 octobre faite par l’Office fédéral de la statistique, l’économie a d’autre part enregistré au troisième trimestre, contrairement à ce qui était attendu, une croissance à prix constants de +0,3 % par rapport aux trois mois précédents.

Les perspectives sont toutefois fortement assombries. La production industrielle est certes globalement stable à l’heure actuelle, avec une croissance de 0,7 % au mois de septembre. Des baisses sensibles, de l’ordre de 10 p. cent, ont cependant déjà été enregistrées depuis le début de l’année dans les secteurs gros consommateurs d’énergie de l’industrie manufacturière. De surcroît, les commandes reçues ont connu un fort recul en septembre (-4,0 %), laissant présager une poursuite du ralentissement de la demande. Les perspectives du commerce extérieur restent elles aussi sombres. Les exportations et les importations ont été négatives en septembre. La hausse des prix à la consommation a atteint en octobre un nouveau plafond, avec +10,4 % de plus que l’année dernière. Ce taux est le plus élevé depuis plus de 70 ans.

D’une manière générale, une confirmation est apportée au tableau dressé par les projections d’automne du 12 octobre, selon lesquelles l’activité économique de l’année en cours devrait connaître une croissance de 1,4 p. cent, due principalement à l’évolution favorable des trois premiers trimestres. L’économie allemande devrait ensuite entrer en récession durant les six mois de l’hiver 2022/2023. Pour 2023, le gouvernement fédéral s’attend en conséquence à un recul de l’activité économique de 0,4 % en moyenne annuelle par rapport à 2022.

UN CONTEXTE ÉCONOMIQUE MONDIAL QUI S’AMÉLIORE

Les derniers indicateurs montrent une évolution globalement favorable au plan mondial. La production industrielle a légèrement progressé en août, de 0,5 % par rapport au mois précédent. Sur la même période, le commerce mondial a lui aussi enregistré une hausse modérée de 0,7 % par rapport à juillet. Les indicateurs du climat des affaires témoignent pour la période actuelle d’une stabilisation à bas niveau de la conjoncture mondiale. Demeuré en septembre sous les 50 points qui marquent le seuil de croissance, l’indice S&P Global (ex-IHS Markit) était toutefois en léger rebond par rapport à août. Les progressions dans le secteur des services ont compensé le recul dans l’industrie manufacturière. Pour les mois à venir, les sondés s’attendent toutefois à un contexte économique mondial difficile.

UN IMPORT-EXPORT EN LÉGER RECUL

En septembre, les importations de biens et de services, aussi bien que les exportations, ont affiché en données corrigées des variations saisonnières un résultat nominal négatif de respectivement 2,6 et 0,3 % par rapport au mois précédent. Cette baisse des valeurs nominales est due principalement au fléchissement marqué du prix des importations et exportations (respectivement -0,9 % et -0,6 % par rapport à août). Le recul devrait par conséquent avoir été bien moindre en termes réels. La forte baisse du prix des énergies importées, en particulier du gaz, s’est également traduite par une amélioration des termes de l’échange. L’excédent de la balance commerciale a ainsi nettement rebondi en septembre, pour atteindre +2,6 milliards d’euros (contre -1,3 milliard en août). En raison principalement de la crise des prix de l'énergie, il reste toutefois à un niveau très bas, inférieur de près de dix fois aux 12 milliards du mois de septembre de l’année dernière.

Les perspectives demeurent défavorables pour le commerce extérieur, nonobstant une légère amélioration. Selon l’indice établi par l’institut ifo, les espoirs des entreprises en ce qui concerne leurs perspectives d’exportations se sont légèrement améliorés en octobre, à -5,3 points, mais restent à un niveau comparable à celui du printemps 2020. La résorption des pénuries d’approvisionnement  s’est poursuivie en octobre, malgré la rechute observée en septembre. Interrogées par l’institut ifo, 64 % des entreprises ont fait état de difficultés d’approvisionnement. La résorption des engorgements devant les ports et la baisse des tarifs de transport par conteneurs sont probablement à l’origine de cette amélioration.

PERSPECTIVES MOROSES POUR LA CONJONCTURE INDUSTRIELLE

Dans le secteur secondaire, la production a augmenté de 0,6 % en septembre par rapport à août. Cette hausse a été de 0,7 % dans l’industrie, le BTP enregistrant pour sa part un recul de 0,3 %. Le secteur de l’énergie a progressé de 1,7 %.

L’évolution n’a pas été la même dans tous les secteurs de l’industrie. L’automobile et les composants pour automobiles, un secteur important, a enregistré un bond de 9,3 % par rapport au mois précédent. Des hausses ont aussi été relevées dans le domaine des produits pharmaceutiques (+10,9 %), de la cokerie et de la transformation des hydrocarbures (+10,5 %), des machines de traitement des données, des produits électriques et optiques (+3,8 %), des papiers et cartons (+1,2 %) ainsi que des produits métalliques (+0,9 %). Dans d’autres branches par contre, la production a baissé ; -2,9 % pour les produits chimiques, gros consommateurs d’énergie ; -1,3 % pour le verre, les produits du verre et la céramique ; -1,7 % également pour la construction mécanique.

Les commandes reçues en septembre ont baissé de 4,0 % par rapport à août, lui-même en recul de 2,0 %. Au total, le niveau des commandes a chuté dans la dernière période de 10,8 % par rapport à l’année précédente. La baisse constatée sur un mois s’explique par le très fort recul de la demande étrangère. Face à une demande intérieure demeurée légèrement positive, les commandes en provenance de l’étranger ont dévissé de 6,3 % (zone hors euro), voire 8,0 % (zone euro). L’indice général a subi le contrecoup des très fortes baisses enregistrées dans les deux principaux secteurs industriels que sont l’automobile (-9,0 %) et la construction mécanique (-8,1 %). L’envolée des commandes passées en rattrapage de la pandémie semble être retombée. Le niveau est revenu à celui d’avant la crise du covid.

Les perspectives industrielles demeurent moroses pour les mois à venir, malgré un rebond de la production à la fin du troisième trimestre et une hausse notable de 0,5 % par rapport au trimestre précédent. La demande est donc sensiblement à la baisse et le moral des entreprises nettement en berne.

LES VENTES DE DÉTAIL REPARTENT, MALGRÉ UN TRÈS NET RECUL DANS LES STATIONS-SERVICE

En septembre, le chiffre d’affaires du commerce de détail hors automobile a augmenté de 0,9 % par rapport au mois précédent. Il est à noter que celui des stations-service a dévissé de 15,7 %, un effondrement inédit depuis le début des relevés de cette série chronologique. La réduction sur le prix du carburant a été supprimée à la fin du mois d’août et les consommateurs ont manifestement pris la précaution de remplir leurs stocks. Par rapport à septembre 2021, le commerce de détail a fait état d’une baisse de son chiffre d’affaires (en termes réels) de 0,9 %, due notamment, en très grande part, à l’envolée des prix dans ce secteur. Le chiffre d’affaires nominal, c’est-à-dire non converti en prix constants, a donc bondi de 9,9 % en l’espace d’un an. Le commerce alimentaire a enregistré en septembre, par rapport à août, une hausse en termes réels de son chiffre d’affaires de 2,6 % (contre -2,4 % en septembre 2021). Le commerce des textiles, de l’habillement, de la chaussure et de la maroquinerie a annoncé une hausse de chiffre d’affaires de 9,9 % (contre 11,8 % le même mois de l’année précédente). La vente par Internet et la vente par correspondance ont enregistré en septembre une progression de 5,8 % (contre -1,0 % le même mois de l’année précédente). Les immatriculations de voitures neuves par les particuliers ont baissé de 5,3 % en octobre, un recul qui survient toutefois après cinq mois de hausses parfois importantes.

Selon l’indice GfK de confiance des consommateurs, le moral des ménages est pour l’heure sorti de son marasme. Pour novembre, une légère hausse est annoncée, mais le moral des consommateurs n’en reste pas moins très déprimé. Selon l’institut ifo, les attentes des professionnels du commerce de détail se sont de nouveau dégradées en octobre. Le solde des déclarations est retombé à un niveau très faible. Pour l’ifo, la conjoncture dans le commerce de détail apparaît toutefois relativement stable et a même manifesté un léger rebond durant la période la plus récente.

L’INFLATION A ATTEINT UNE NOUVELLE MARQUE HISTORIQUE EN OCTOBRE

Le taux d’inflation, calculé sur la base de la hausse des prix à la consommation sur un an, a continué d’augmenter, atteignant 10,4 % en octobre. Cette valeur représente le niveau le plus élevé depuis décembre 1951. L’inflation avait alors été alimentée par une pénurie de biens de consommation survenant peu de temps après la réforme monétaire. En octobre 2022, le taux a augmenté de 0,4 point par rapport au mois de septembre (+10  %). L’inflation sous-jacente (hors produits alimentaires et énergie), à +5,0 % (contre +4,6 % en septembre), représentait cette fois encore moins de la moitié du taux global, tout en se situant à un niveau record depuis décembre 1993.

La hausse des prix de l’énergie a une nouvelle fois été très forte (+43,0 % contre + 43,9 % en septembre). Les prix des produits alimentaires ont atteint un nouveau record absolu, à +20,3 %, depuis la Réunification (contre +18,7 % en septembre). Un des facteurs importants à cet égard a été les augmentations de prix en aval. En septembre, la hausse des prix à la production a atteint 45,8 % sur un an, autant que le mois précédent, qui avait déjà constitué un triste record depuis le début des études statistiques en 1949. Le prix des importations a fait un bond de +29,8 % en septembre par rapport à l’année précédente, tout en baissant légèrement par rapport au mois d’août (-0,9 %). La hausse de prix de vente en gros s’est de nouveau accélérée en septembre (+19,9 % par rapport à septembre 2021 ; +1,6 % par rapport à août 2022).

Mise en œuvre dans le cadre du troisième plan de lutte contre la hausse de prix, la baisse de la T.V.A. sur les fournitures de gaz et la chaleur en réseau, de 19 % à 7 %, devrait avoir eu un effet modérateur sur l’inflation. Malgré cela, les tarifs ont ici aussi nettement augmenté par rapport au même mois de l’année précédente (+109,8 % pour le gaz, +35,6 % pour la chaleur). L’inflation devrait continuer à sévir au cours des mois à venir. Les projections d’automne du gouvernement, datées de la mi-octobre, font état d’une progression de 8,0 % en moyenne annuelle pour 2022. En 2023, un effet modérateur (+7,0 %) est escompté grâce à l'entrée en vigueur du bouclier tarifaire sur le gaz et l’électricité. Cet avis est partagé par le Conseil d’analyse de l’évolution macro-économique [Sachverständigenrat] dans son récent rapport annuel (+8,0 % ou +7,4 %).

STAGNATION SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL

En octobre, le marché du travail a continué à faire preuve de résilience, tout en présentant les premiers signes d’une détérioration de la conjoncture. Le regain habituel de la conjoncture en automne apparaît plus faible que d’habitude. Le nombre de personnes en emploi stagne dans l’ensemble. L’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi inscrits a continué à décélérer et s’élevait en octobre à 8000 personnes. L’exode des Ukrainiens a cessé de faire enfler les chiffres et se répercute à présent au niveau du sous-emploi, qui répertorie les personnes suivant des cours de langue ou intégrés dans autres dispositifs. En octobre, le nombre de personnes en sous-emploi a dépassé de 29 000 les chiffres en données corrigées de variations saisonnières pour le mois de septembre. Le nombre d’actifs occupés a stagné à un niveau record en septembre, août ayant vu ses chiffres révisés à la hausse (+12 000 personnes). Les chiffres rapportés initialement faisaient état d’une baisse. En ce qui concerne les emplois assujettis à la Sécurité sociale, leur nombre a bondi de 31 000 au mois d’août après correction des variations saisonnières. Ce même mois, le recours au chômage partiel a concerné 100 000 personnes, soit une légère augmentation qui, au vu des déclarations, devrait se poursuivre. D’un point de vue sectoriel, les gros consommateurs d’énergie ne présentent à ce jour aucune particularité. Les indicateurs provisoires continuent d’être à la baisse et suggèrent un ralentissement du développement de l’emploi. Globalement cependant, les entreprises s’efforcent de retenir leurs salariés afin de pallier aux difficultés de recrutement qu’elles rencontrent sur le marché du travail.

MOINS DE DÉFAILLANCES D'ENTREPRISES EN 2022 QU’EN 2021

Le recul du nombre des défaillances d’entreprises enregistrées ces deux dernières années se poursuit et les chiffres de 2022 continuent de baisser au-dessous du niveau de l’année précédente. Selon les résultats définitifs fournis par l’Office fédéral de la statistique, les tribunaux d’instance allemands ont fait état, pour la période de janvier à août 2022, d’un total de 9414 demandes de redressement judiciaire, soit une baisse de 2,3 % du nombre de dossiers par rapport à la même période de l’année précédente.
Le nombre des demandes de mise en liquidation fait office d’indicateur provisoire et permet de présager l’évolution des défaillances d’entreprises. Après un net recul des dépôts de bilan en septembre, de 20,6 % par rapport à août, la tendance s’est inversée en octobre, avec une hausse de 18,4 % par rapport au mois précédent. Les experts de l’Institut d’études économiques IW de Halle prévoient une augmentation des cessations de paiement dans les mois à venir ; une « vague de dépôts de bilan » n’est toutefois pas à l’ordre du jour. Les conséquences de la guerre en Ukraine, ainsi que l’envolée des prix de l’énergie, créent cependant des contraintes dont il est malaisé de pronostiquer l’effet qu’elles auront sur la santé financière des entreprises au cours des mois à venir.


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[1] Ce communiqué a été rédigé sur la base des données disponibles au 11 novembre 2022. Sauf indication contraire, les taux se rapportent à la période précédente et sont exprimés à prix et jours constants, ainsi qu’en données corrigées des variations saisonnières.